Les Aventures d’Alice au pays des merveilles: Ouvrage illustré par Mathew Staunton
Alice’s Adventures in Wonderland in French

Préface de l’Illustrateur

Ma première rencontre avec Alice au Pays des Merveilles ne s’est pas produite par l’intermédiaire des pages d’un livre. Mon père travaillait comme imprimeur et opérateur de massicot dans une imprimerie de Londres dans les années 1970, et, bien entendu, notre maison était envahie de livres—mais Alice n’en faisait pas partie. Je suis depuis mon plus jeune âge avide de lecture, et j’ai fini par me constituer, avec le temps, une bibliothèque énorme, malheureusement dispersée entre les Îles Britanniques et la France. Mais, pour une raison qui m’échappe, je ne possédais pas d’exemplaire d’Alice. Ma découverte de l’extraordinaire roman de Lewis Carroll fut une expérience que l’on peut qualifier de typique des années 80. Un jour, mon père est rentré de la bibliothèque municipale de Coolock, et m’a tendu une boite pleine de cassettes audio. J’avais l’habitude d’écouter des livres audio—Le Hobbit et les autobiographies de David Niven étaient mes préférés—sur un lecteur de cassette portatif tous les soirs avant de m’endormir. Alice était une chose étrange, et ne ressemblait en rien aux histoires dont j’avais l’habitude, mais, malgré tout, je l’ai écouté des dizaines de fois, et, lorsqu’il a fallu rendre les cassettes, j’en connaissais certains passages par coeur.

La parcimonie de détails des descriptions de Carroll, ajoutée à mon ignorance de l’époque des illustrations de Tenniel, a fait naitre chez moi des représentations très personnelles d’Alice et des différents personnages qu’elle croise. Ces images se sont montrées suffisamment fortes pour demeurer intactes malgré l’exposition aux atrocités industrielles assenées par Disney et Tim Burton, ou à la magie des dessins de Tenniel ; elles ont inspiré les illustrations de cette édition spéciale d’Alice aux Pays des Merveilles.

Illustrer Alice n’a jamais été une priorité pour moi. Mais lorsque j’ai appris que mon bon ami et éditeur prolifique de Carrolliana, Michael Everson, avait été invité à faire un exposé pour le Grolier Club en ce 150e anniversaire, j’ai pensé que ce contexte véritablement très intéressant était une excellente occasion pour moi de reprendre contact avec le pays des merveilles.

Puis, durant l’année 2015, j’ai fait, lors de promenades à Oxford, prendre la pose à ma fille Aoife et aux plus patient de mes amis, et j’ai essayé de capturer sur papier certaines des images que j’ai gardé en moi pendant trois décennies. Un bon nombre de ces représentations ont été imaginées dans les jardins botaniques d’Oxford, les jardins de Blenheim Palace, ainsi qu’au Christ Church College cher à Lewis Carroll lui-même. Les animaux et oiseaux ayant servi de modèles peuvent être admirés au Musée d’Histoire Naturelle d’Oxford, qui renferme le célèbre Dodo d’Oxford. J’espère que vous prendrez autant de plaisir à découvrir ces illustrations que nous en avons pris à les créer.

Mathew Staunton
Oxford, le 21 septembere 2015